CONFERENCE TRANSITIONS ENERGETIQUES
La conférence sur les « Transitions Energétiques: un éclairage du débat « a accueilli plus de 170 participants le 22 Novembre dernier dans la grand Amphi de Mines Paris Tech à l’occasion du lancement du Paris Tech Book sur les Transitions Energétiques.
Les auteurs de l’ouvrage ainsi que de nombreux élèves de première et deuxième année de Mines ParisTech assistaient à la conférence.
Le panel d’intervenants comprenait
Jean-François Minster Membre de L’Académie des Technologies
Marion Guillou, Présidente d’Agreenium et ancienne Présidente de l’INRA
Claude Imauven, Directeur Général Exécutif du Groupe Saint-Gobain
Guillaume Devauchelle Directeur de l’Innovation du Groupe Valeo
Les débats étaient animé par Stéphane Marchand - Entreprise & Progrès et ParisTech Review
Cet évènement était organisé avec le parrainage de :
Jean François Minster a présenté les particularités de la Transformation du Système Energétique du 21 ième siècle, en voici quelques points.
Cette transformation s’inscrit dans le cadre d’une demande énergétique croissante. La demande mondiale de consommation d’énergie est tirée d’une part par la croissance de la population mondiale qui est de l’ordre de 1,6% par an et d’autre part par la croissance des pays émergents, pays où la population est la plus importante, qui se poursuit à un rythme plus lent qu’au cours des dernières décennies.
Deuxièmement il faut transformer les systèmes existants de production énergétique pour réduire les émissions induites des gaz à effets de serre, celle des systèmes de production comme celle des utilisateurs. Il faut en outre le faire de la façon la plus rapide possible car le principal gaz à effet de serre anthropique, le gaz carbonique, reste longtemps dans l’atmosphère et s’y accumule. Le premier levier de réduction de ces émissions consistera à réduire la consommation énergétique, par l’amélioration de l’efficacité énergétique de toutes les activités, voir par sobriété énergétique de nos sociétés.
Il est possible de détourner une partie des flux naturels actuels d’énergie de la planète, vent énergie solaire ressources renouvelables, mais cette transformation pose des enjeux de cout car les systèmes de production et de distribution d’énergie renouvelable sont encore plus chers que les systèmes établis.
Ce n’est pas la première transformation énergétique que connait l’humanité. On peut évoquer les introductions successives du charbon puis du pétrole, la généralisation de l’électricité et la montée en puissance du gaz. Mais c’est la première qui soit contrainte par un facteur externe à la production d’énergie et c’est aussi la première qui soit impérativement à considérer du coté de la demande et des usages.
Elle doit se faire en transformant des systèmes et des infrastructures existants, tant du coté de la production que du coté des usages, qui sont très élaborés et dont beaucoup sont rentables. Penser par exemple la transformation des systèmes énergétiques des villes est indispensable car la moitié de l’humanité y vit.
Les précédentes transformations ont eu trois dimensions importantes :
- Des aventures d’innovation et de transformations industrielles
- Dimension géopolitique : les ressources ne sont pas réparties de façon équitable parmi les pays et l’accès à l’énergie est un élément critique de l’indépendance d’un pays ; il suffit de se souvenir en France de la relance du charbon après la deuxième guerre mondiale et le programme des centrales nucléaires dans les années 70.
- Elles ont toutes induits des transformations sociales profondes liées à l’usage de l’énergie. L’industrialisation de l’économie et la création de la classe ouvrière avec le charbon, la mobilité avec le pétrole, le bien etre avec l’électricité.
Ces trois dimensions seront dominantes pour la transformation actuelle. La prise de conscience et l’impact sociétal sont importants. De plus il faudra transformer des infrastructures existantes, sujet pour lesquels les ingénieurs sont particulièrement bien formés.
Marion Guillou a adressé la question de la transition énergétique dans nos assiettes. Un accès a 3000kcal/jour/personne dont 500 kcal d’origine animale peut satisfaire les besoins physiologiques moyens des individus et nécessite une production agricole bien moindre que les régimes actuels des pays de l’OCDE (4000 dont 1200). Au delà des modes de production respectueux de l’environnement et de la lutte contre le gaspillage, le contenu de nos assiettes a également une influence importante sur la soutenabilité de l’alimentation dans le monde dans les décennies qui viennent.
La prise de conscience des consommateurs est essentielle pour assurer cette transition.
Claude Imauven a présenté les enjeux de la Transition Energétique sur l’habitat en voici quelques points.
Les enjeux de la transition énergétique et plus globalement de la transition écologique sont majeurs dans le domaine de la construction. On estime, en effet, que dans les 30 prochaines années, la population urbaine va doubler au niveau mondial – c’est 2 milliards de personnes en plus qui habiteront dans les villes en 2050. Cela ne pourra pas se faire avec la même intensité énergétique, avec les mêmes émissions de gaz à effet de serre, avec la même intensité en ressources, en eau, en déchets qu’aujourd’hui. Et ce, alors que les bâtiments représentent d’ores et déjà près de 40% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Cela oblige à comprendre comment à la fois la construction neuve doit évoluer vers une construction plus durable, mais également à traiter le stock des bâtiments existants, tout particulièrement dans les pays développés.
Saint-Gobain, par sa présence mondiale, par la diversité de ses métiers en lien avec la construction, par son histoire, est à même de développer et de proposer des solutions et à les mettre en œuvre avec l’ensemble des parties prenantes. Saint-Gobain en effet conçoit, produit et distribue des matériaux et des solutions pensés pour le bien-être de chacun et l’avenir de tous. Ces matériaux se trouvent partout dans notre habitat et notre vie quotidienne : bâtiments, transports, infrastructures, ainsi que dans de nombreuses applications industrielles. Ils apportent confort, performance, et sécurité tout en répondant aux défis de la construction durable, de la gestion efficace des ressources et du changement climatique.
La France est un bon exemple des difficultés, mais aussi des opportunités dans l’habitat. La grande majorité des logements individuels en France sont encore peu efficaces énergétiquement : 77% des 32 millions de logements en France sont au mieux classés D lors des diagnostics de performance énergétiques (DPE). Les solutions techniques existent, mais sont difficilement mises en œuvre du fait des contraintes qu’elles imposent au propriétaire ou au locataire d’un logement et ces solutions rentrent souvent en conflit avec d’autres priorités lorsque se font les choix de rénovation. Il faut donc s’assurer que, lorsque des rénovations sont réalisées, elles intègrent correctement les besoins en amélioration de l’efficacité énergétique, notamment lorsque ces rénovations sont effectuées au moment des mutations des biens immobiliers (vente, mise en location). L’association, The Shift Project, a développé avec Saint-Gobain et d’autres acteurs de la construction, un passeport du bâtiment, qui sur la base d’un diagnostic initial, fait apparaître les principaux travaux à réaliser pour amener un logement à un niveau A ou B. Ce passeport pourrait accompagner la vie d’un logement, indépendamment de ses propriétaires ou locataires, et permettre que les décisions qui sont prises lors des rénovations au fur et à mesure de la vie du bâtiment se fassent en cohérence avec cet objectif. Ce passeport pour l’efficacité énergétique (P2E) est désormais en cours d’expérimentation dans plusieurs régions françaises et pourrait être généralisé à horizon 2018.
Guillaume Devauchelle a dressé un tableau des évolutions concernant la mobilité. Elle sera dé carbonée et autonome. Dans un monde de plus en plus connecté et urbanisé, l’équilibre sera profondément modifié entre transports publics et transports individuels centrés autour de l’automobile. La digitalisation et la voiture autonome vont rendre l’utilisation de la voiture beaucoup plus flexible, les véhicules électriques vont le rendre plus propice à une utilisation en milieu urbain.
L’évolution est en marche en témoigne les nombreux nouveaux acteurs dans ce secteur et les expériences de véhicules électriques autonomes réalisées de par le monde.
Un débat animé avec la salle a suivi les interventions. A l’issue de la conférence un cocktail a été servi dans l’Espace Maurice Allais.
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